LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 09 03/

Face aux guerres du Sahel et de Libye, qui tournent mal pour la France, et en réaction à la guerre commerciale et aux fractures du Bloc américano-occidental intiées par Trump, Paris a amorcé une réflexion stratégique.

INTRODUCTION :
QUEL POSITIONNEMENT STRATEGIQUE POUR LA FRANCE ?

Certains Stratèges, comme l’amiral Coldefy (1), envisagent une réorientation stratégique de la France, se projetant comme grande puissance mondiale au départ des « confettis de l’Empire » (2). Macron de son côté s’est lancé dans un activisme géopolitique tous azimuts. Mais loin d’une nouvelle orientation stratégique tournant le dos aux limites de l’OTAN, l’activisme de Macron est dirigé partout contre la Russie, au cœur de la Russophobie occidentale. Comme si le président français tentait de se revaloriser au regard de Washington …

LES DEUX GUERRES PERDUES DE PARIS EN AFRIQUE

L’expert français de la Guerre du Sahel contre les djihadistes, Marc-Antoine Pérouse de Montclos (3), auteur de deux livres retentissants sur le sujet (4), le reconnaît : la France a déjà perdu la guerre du Sahel ! J’ai consacré de nombreuses analyses, du point de vue du Néopanafricanisme (Pérouse a celui d’un patriote français) à cette thématique.

La libye est la seconde guerre perdue de la France en Afrique. L’accélération et de l’internationalisation de la Guerre en Libye depuis novembre 2019 ont débouché sur la structuration d’un duo américano-turc en libye et en Afrique, salué les 8 juin et 14 juillet derniers par Trump (qui a changé sa position sur le dossier en faveur d’Ankara) et Erdogan. La France en est la grande perdante. Après la « guerre perdue au Sahel contre les djihadistes », une seconde guerre perdue par Paris en Libye ! Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Donald Trump sont convenus de « poursuivre leur coopération étroite » en Libye, lors d’un entretien téléphonique le 8 juin dernier , a annoncé la présidence turque. Cette coopération repose fondamentalement sur le « rôle de la Turquie au sein de l’OTAN » et son alliance étroite avec l’Amérique militariste de Trump. J’insiste sur le « tournant géopolitique » que représente le nouvel Axe Washington-Ankara.

LE NOUVEL AXE WASHINGTON-ANKARA SE CONSTRUIT CONTRE PARIS

La Turquie en cet été 2020 est une puissance globale en expansion, de la Mer de Crète à la Mer rouge et de Tripoli à Bakou, en passant par l’Afrique noire (au Niger notamment). Ce rôle géopolitique est possible parce qu’il est soutenu par Washington et qu’il sert l’agenda américain du moment.

Il y a des cycles géopolitiques.
En 2007-2008, un cycle géopolitique s’est ouvert en Afrique : la Recolonisation de l’Afrique par les USA, sous prétexte du soi-disant « Printemps africain », qui est devenu la menace principale en Afrique. Paris et la Françafrique étant devenu dans cet agenda géopolitique les auxilliaires militaires de l’AFRICOM (la nouvelle « infanterie sénégalaise du Pentagone »), « le nouveau shérif de l’Afrique » comme l’a dit le Général US Mattis, chef du Pentagone sous Trump, en avril 2017 sur la base française de Djibouti. Ce cycle s’accompagnait d’un Axe géostratégique Washington-Paris au sein de l’OTAN, en Europe, en Méditerranée et au Proche-orient …
En ces mois de juin et juillet 2020, ce cycle s’est terminé et a fait place à un Axe géostratégique Washington-Ankara au sein de l’Otan et en Afrique. La Turquie est aujourd’hui présente en Syrie, en Irak, en Libye, en Mer de Crète, au Golfe de Syrte, en Azerbaïdjan, en Mer rouge, au Yemen, en Somalie, au Niger. Partout Erdogan sert l’agenda américain. En particulier en Méditerranée et en Libye, les conversation Trump-Erdogan des 8 juin et 14 juillet 2020, les déclarations du State Department du 15 juillet et les critiques anti-françaises de l’Atlantic Council de ces derniers jours révèlent ce soutien américain à la Turquie, « qui marchent main dans la main » … »

MACRON RESTE FONDAMENTALEMENT PRO-AMERICAIN

Mais fondamentalement Macron, choix d’un scénarion des réseaux pro-américains en France (5) reste pro-américain, en dépit des gifles de Trump. Le Macron profond est à trouver dans une interview, donnée en anglais, à l’influente revue anglo-saxonne (New-York, Londres, Hong-Kong) ‘Monocle’, en mars 2017 (6), alors que celui-ci n’était encore que candidat. Et voir, l’importance donnée à l’entretien, le choix de l’élite anglo-saxonne: « Emmanuel Macron est un politicien en mission. Nous parlons à l’homme qui pourrait être le prochain président de la France ».

Le discours, et le moment où il est donné, à destination du public anglo-saxon, permet de penser que c’est ce que Macron pense réellement, est celui d’un fidèle partisan du Bloc américain et occidental :
« Je crois au bloc occidental. Je pense qu’aujourd’hui, en termes de sécurité et d’économie, nous en avons encore plus besoin. Nous avons une instabilité géopolitique dans notre voisinage, au Moyen-Orient et dans certaines régions d’Afrique, où il y a plus de radicalisation religieuse et de terrorisme. Sur le plan économique, une recomposition du monde a lieu: la Chine se réorganise, la Route de la Soie est en cours de reconstruction. Ensuite, il y a l’Afrique entrepreneuriale, qui va profondément bouleverser le monde dans les 20 prochaines années. Nous avons donc besoin d’un bloc occidental cohérent et convergent (…) Je ne vais pas être hostile à M. Donald Trump mais je lui dis que nous, France et Etats-Unis, sommes les dépositaires d’une histoire commune de liberté: de Lafayette à la Seconde Guerre mondiale et même le plan Marshall. Des deux côtés, nous avons beaucoup de dettes. C’est compliqué d’entrer dans une relation de cette façon. Ses commentaires sur l’Europe démontrent qu’il n’a aucun sens de l’histoire. Ignorer l’histoire n’a jamais amélioré le statut de quiconque. Face aux défis communs, l’Occident doit rester uni. L’Europe doit jouer son rôle ».

Cet engagement occidental, au service assumé des intérêts américains, conduit Macron ces jours-ci à un activisme géopolitique, qui sur tous les fronts, vise à se confronter à la Russie …

PREMIER FRONT :
LE LIBAN ET LE LEVANT

Des sources françaises révèlent que le président Emmanuel Macron a déclaré que « si nous lâchons le Liban […] ce sera la guerre civile ». Mais chaque citoyen libanais se demande quand la communauté internationale s’est souciée du Liban. Et que signifie « lâcher le Liban » ? Lors de ses visites éclair au Liban, Macron a souhaité faire des déclarations émouvantes et préciser que le système politique libanais devait changer. L’interlocuteur du président français pensait qu’il était né de parents libanais. « Mais Macron ne semble pas être en mesure de mettre en œuvre ces déclarations émotionnelles. Il manque d’honnêteté et de crédibilité », dit un expert. « Par conséquent, ses démarches ne sont pas basées sur des intentions pures et authentiques. Par contre, elles montrent que Paris cherche à gérer un projet occidental pour établir de nouvelles équations au Liban, sur la base des éléments suivants » :

– « Le premier principe est ce que Macron a convaincu son homologue américain Donald Trump que la pression sur Beyrouth ne porterait jamais atteinte au Hezbollah et à ses alliés : par conséquent, une nouvelle politique doit être adoptée sur la base de laquelle un gouvernement technocratique sera formé et le Hezbollah en sera exclu.
– Si le nouveau gouvernement pro-français et pro-occidental est formé, il acceptera facilement les projets de Paris et de ses alliés de tenir de nouvelles élections au Liban. Les élections seront la porte d’entrée vers le changement qui cible le Hezbollah et ses alliés.
– Dans les propos de Macron sur l’éclatement d’une guerre civile au Liban, l’allusion aux sanctions, à la pauvreté et à une économie effondrée était évidente en cas d’opposition à l’idée franco-occidentale ».

En outre, les provocations contre le Hezbollah et le fait de le lier à l’explosion dans le port de Beyrouth se sont multipliés ces dernières semaines. Les provocations se concentrent également sur des allégations sans fondement qui ne sont confirmées que par ceux qui ont lancé cette campagne. Samy Gemayel, chef du parti libanais d’opposition Kataëb, allié traditionnel d’Israël, des USA et des occidentaux, affirme ce 16 août que « Macron a raison de mettre la pression ». Le fils de l’ancien président Amine Gemayel précise ce que les pro-occidentaux au Liban attendent de Macron : « J’attends d’elle qu’elle relance l’idée d’un pacte national qui permettrait de régler les grands problèmes structurels de ce pays : désarmer le Hezbollah, redonner au Liban une position de neutralité dans la région « !

Au Liban, il y a derrière cet activisme un arrière-plan géopolitique loin du chantage indécent et des rodomontades de Macron (incarnation caricaturale de « l’arrogance française ») (7). Celui-ci vise l’Axe de la Résistance, Damas et Téhéran. Mais la cible principale est Moscou (8) (comme au même moment en Russie avec Navalny, à Minsk, à Bangui ou à Bamako). Et sans faire de vagues, les Russes sont présents au Liban (9) et contrarient les plans franco-atlantistes …

Toujours au Levant, et encore et toujours contre l’Axe de la Résistance et ses alliés russes, Macron vise l’Irak. Emmanuel Macron s’est rendu ce mercredi dans la capitale irakienne depuis Beyrouth où il a terminé mardi sa visite destinée « à accélérer la formation d’un gouvernement de réformes ». Il s’agit de la première visite d’un président étranger en Irak depuis le début de la pandémie de Covid-19. L’Elysée n’a pas commenté officiellement cette annonce car ce genre de déplacement n’est jamais annoncé à l’avance pour des raisons de sécurité. La semaine dernière, la ministre des Armées Florence Parly était venue sur place préparer ce premier déplacement officiel du président français en Irak depuis le début de son mandat. Un mois plus tôt, c’était le chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, qui s’était rendu à Bagdad.

L’Irak subit une crise économique, politique et sanitaire. Selon une source diplomatique proche du dossier, la France veut « réaffirmer sa solidarité avec ce pays qui a besoin de soutien et d’équilibre dans un moment difficile ». Le gouvernement du nouveau premier ministre irakien, Mustafa al-Kazimi, affronte en effet une crise économique et politique sévère, la crise sanitaire, l’affrontement entre les Etats-Unis et l’Iran qui, depuis l’élimination du général Soleimani l’hiver dernier, rejaillit sur les tensions entre sunnites et chiites sur le sol irakien, ainsi que des ingérences répétées de l’armée turque à l’intérieur des frontières irakiennes. Autant de crises qui permettraient à Daech, selon les services français, de « resurgir avec une multiplication d’attaques et une réorganisation clandestine de ses activités terroristes ». Emmanuel Macron évoquera avec les dirigeants irakiens et kurdes (vieux alliés géopolitiques de Paris depuis le mandat colonial sur le Levant) « les moyens de lutter plus efficacement contre Daech et, probablement, un calendrier de redéploiement de la Task Force française Montsabert chargée d’entraîner les forces spéciales irakiennes ». La visite devrait permettre aussi d’avancer sur « l’identification de projets structurants dans le domaine énergétique, de l’eau ou des transports, avec une mise à disposition par la France d’un milliard d’euros ».

SECOND FRONT :
REVOLUTION DE COULEUR AU BELARUS

Les États-Unis et l’OTAN tentent une « révolution de couleur » pour renverser le gouvernement de Biélorussie, le seul État ex-soviétique qui a encore des politiques socialistes et un contrôle étatique sur l’économie ! Le fer de lance de cette offensive géopolitique n’est pas l’OTAN, mais l’Union dite « Européenne », en particulier Paris et Berlin, plus que jamais le bras politique de l’OTAN ! Mais Bruxelles, Paris et Berlin, et les pays pro-américains de la « nouvelle Europe » (dixit Colin Powel), le hardcore géopolitique de la Russophobie – Varsovie (la bête noire de Poutine) (10), Vilnius et Riga – se trompent d’époque. Nous ne sommes plus en 2000-2008, le temps rêvé par l’UE du « partenariat oriental » (11), mais en 2020. Et le Bélarus appartient sans conteste à la shère d’influence géopolitique de moscou !

‘Stratfor’, «la CIA de l’ombre» (à la suite de certains critiques aux États-Unis) et plus sérieusement le Think Tank géopolitique du Lobby militaro-industriel US, admet vouloir instaurer un régime fantoche néolibéral occidental. Quel est le scénario décrit par ‘Stratfor( juste AVANT l’élection ?
« Les conséquences probablement tumultueuses de la prochaine élection présidentielle en Biélorussie pourraient bouleverser considérablement l’équilibre des pouvoirs dans la région frontalière stratégique entre la Russie et l’Europe occidentale. Au milieu de la popularité croissante des mouvements d’opposition en Biélorussie, le résultat de l’élection présidentielle du 9 août dans le pays devrait être largement contesté. L’émergence probable de manifestations post-électorales jettera le doute sur l’emprise du président Alexander Lukashenko sur le pouvoir et pourrait ouvrir la porte à un éventuel changement de régime. L’importance de la Biélorussie pour la stratégie de sécurité extérieure de la Russie rendra Moscou extrêmement investi dans l’issue de toute lutte de pouvoir dans le pays, ce qui pourrait inciter la Russie à intervenir directement. »

Lech Walesa, vieux russophobe au service des américains, est encore plus direct : « Un match géopolitique décisif va se jouer entre la Russie et nous » !

Parallèlement à la volonté d’engager la Russie sur une solution-piège diplomatique, Macron donne également un avertissement : « J’ai dit au président Poutine que je considère que toute intervention étrangère en Biélorussie, à commencer par une intervention des forces russes, qu’elles soient militaires ou de sécurité intérieure, serait évidemment une intervention en dehors du cadre national bélarussien et internationaliserait et régionaliserait la question. Je pense donc cette intervention serait mal vue » (sic).

TROISIEME FRONT :
LES AFFAIRES NAVALNY ET GRU CONTRE MOSCOU ET POUTINE

Passons rapidement sur l’affaire Navalny, clone de l’Affaire Skripal en Grande-Bretagne il y a peu. Le président français Emmanuel Macron a déclaré que « la France était prête à apporter au critique du Kremlin Alexei Navalny toute l’assistance nécessaire, y compris l’asile ». Vous avez dit ingérence ?

Mais ce n’est pas la seule affaire où Paris vise directement le Kremlin.
Un officier supérieur français, accusé d’ « atteinte à la sécurité », a été arrêté en Italie, a confirmé Florence Parly.
Cette affaire d’Espionnage est l’occasion d’une grande campagne russophobe sur « la menace russe » … Au centre de l’affaire un lieutenant-colonel en poste dans une base militaire de l’Otan en Italie qui a été mis en examen et écroué en août. « Il aurait été approché par un agent de la redoutable GRU, le renseignement militaire de la Russie, qui multiplie les actions agressives en Europe », dit ‘Le Point’ (Paris). « Interpellé le 18 août, l’offcier français avait été placé en garde à vue dans les locaux de la DGSI, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Les Russes sont présentés comme plus dangereux que le terrorisme djihadiste : « L’espionnage cause des dégâts incommensurablement supérieurs à ceux que produit le terrorisme. Le terrorisme se voit, l’espionnage ne se voit pas, il menace notre recherche, nos emplois, notre économie, notre place dans le monde. » Ainsi s’exprimait récemment Patrick Calvar, ancien patron du contre-espionnage, lors d’une audition à huis clos devant une commission d’enquête parlementaire. « Un avertissement qui prend un relief particulier à la lumière de l’affaire des soupçons de trahison au profit de la Russie qui éclabousse le ministère des Armées », dit ‘Le Point’.

QUATRIEME FRONT AFRICAIN :
LA REVOLTE MALIENNE

« Emmanuel Macron dans le piège du Sahel » titre ‘Le Point’ : « La guerre française au Mali a déjà duré autant que celle d’Algérie, pour un résultat piteux. Mais plier bagage serait désastreux (…) Quand le président François Hollande envoya l’armée française libérer les villes du nord du Mali tombées sous le joug islamiste, en janvier 2013, les localités furent promptement reprises. Pourtant, sept ans et huit mois plus tard, quelque 5 000 militaires français restent déployés dans la région. La guerre du Sahel a déjà duré autant que celle d’Algérie ». Emmanuel Macron doit se mordre les doigts d’avoir affirmé en 2018 que la France resterait engagée contre les djihadistes « jusqu’à ce que la victoire soit complète » : « celle-ci est plus que jamais hors d’atteinte. Rien n’y fait ».

Michèle Cotta, ancienne ministre de Mitterand, dit la même chose : « Mali. Macron doit abandonner l’opération Barkhane (…) Le départ d’IBK, victime d’un coup d’État, pose un double problème à la France : l’influence islamiste et le devenir de l’opération Barkhane (…) Pourquoi continuer de s’impliquer dans Barkhane alors que la France est accusee par certains, parfois par les mêmes qui l’ont appelée, d’ingerence ? »

Au Mali, les Russes, arrivés en 2019, ont spectaculairement avancé leurs pions ces derniers jours. La situation au Mali commence à prendre forme. Il est possible de voir un remake de la Centrafrique avec la France qui recule et la Russie qui avance.

Des responsables militaires avaient d’ailleurs été formés à Moscou. La coopération entre les deux pays était au centre des discussions. L’ambassadeur de Russie au Mali est l’un des premiers diplomates étrangers à être officiellement reçu par les hauts gradés militaires maliens. À sa sortie, Igor Gromyko n’a prononcé devant la presse qu’une seule phrase : « Nous avons discuté de la sécurité. » Au moment où l’un des problèmes du pays est l’insécurité au nord et au centre pour servir les intérêts de la France et favoriser d’une certaine manière la scission du pays, les Maliens ne cachent pas qu’ils souhaitent le renforcement de la coopération militaire avec Moscou. Certains l’ont rappelé ce samedi, lors du rassemblement organisé par l’opposition à Bamako : « On veut coopérer avec la Russie », « On veut la Russie ! », « Poutine, Poutine ! », « Depuis le jour où IBK a signé un accord militaire avec la France, le Mali est foutu. »

« La France est un État terroriste !!! Vive la coopération entre le Mali et la Russie », lisait-on sur des publications en date du 15 novembre dernier, faites sur Facebook par le Groupe des patriotes du Mali, une association de la société civile. Un peu plus tôt, le 12 octobre, le même groupe et une « Association des jeunes musulmanes du Mali » avaient réclamé « l’intervention de la Russie afin d’aider l’armée malienne à recouvrer l’intégrité du territoire » du pays. En 2019, le Mali voulait à tout prix copier la Centrafrique en se tournant vers les Russes et ainsi diminuer l’influence de la France sur le territoire.

CINQUIEME FRONT AFRICAIN :
LA PRESIDENTIELLE EN CENTRAFRIQUE

Le Dossier de la Centrafrique est un dossier éminemment géopolitique. Le pays est aujourd’hui positionné entre l’ancien colon français et le retour de la Russie en Afrique. Une situation qui perdure depuis un an : la rivalité entre Paris, contestée au cœur de son ex pré carré colonial, et Moscou, de retour en Afrique (12). Et qui a fait de la Centrafrique l’Etat-tremplin de son grand retour en Afrique noire, sur les pas de « Brejnev l’Africain » (13), ou comme dit ‘Stratfor’ « sur les champs de bataille de la guerre froide » (14) …

Une vaste campagne de déstabilisation menée depuis Paris est en cours depuis de nombreuses semaines contre le Président Touadera, pour saboter la prochaine Présidentielle en RCA. Chef d’orchestre officiel : ‘Jeune Afrique’. Chef d’orchestre officieux selon des sources diplomatiques : les Réseaux de Le Drian, l’ex M. Afrique de Hollande, successeur de Foccart, mentor géopolitique et ministre des Affaires étrangères de Macron. Pour qui Touadera serait trop « pro-russe ». Derrière lui une nébuleuse d’officines au service de la Françafrique, style ‘Le Corbeau’ ou ‘Le Tsunami’ … Pas une semaine sans que ‘Jeune Afrique’ ne jette de l’huile sur le feu centrafricain. Tout étant bon ! On a l’impression pénible que les Médias français, Jeune Afrique et RFI en tête veulent donner une image négative de l’action de Touadera. Jeune Afrique, toujours lui, appelle maintenant le « Régime de Bangui », terminologie agressive liée aux révolutions de couleur. Touadera ferait-il peur ? Le programme de paris à la Présidentielle, dit toujours ‘Jeune Afrique’, c’est « Tout sauf Touadera » !

Depuis un certain temps, la Russie a gagné de plus en plus de terrain en RCA au point de faire reculer Paris de son pré-carré. La France qui a tout perdu en Centrafrique, aussi bien militairement que politiquement, joue désormais sa dernière carte : celle de l’embargo sur les armes appliqué à la République centrafricaine depuis 2013. La présence russe en Centrafrique fait peur à la France mais en réalité, c’est le peuple centrafricain qui sera appelé à trancher cette affaire car c’est lui qui observe les choses et qui décidera de son avenir. Mais surtout, c’est la population centrafricaine qui continue de mettre la pression en demander des patrouilles de l’armée nationale et non celle des troupes étrangères. La France s’en tient aux prochaines élections parce qu’elle a l’habitude d’imposer un candidat afin de préserver ses intérêts Faustin-Archange Touadéra, lui, ne voit l’intérêt de personne seulement celui du peuple centrafricain,

NOTES ET RENVOIS :

(1) Voir le dernier livre de l’amiral :
Alain Coldefy, AMIRAL. LE SEL ET LES ETOILES, Ed Favre, Paris, août 2020.

(2) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
RETOUR SUR ʽLES CONFETTIS DE L’EMPIREʼ
sur https://palestine-solidarite.org/analyses.luc_michel.100120.htm

(3) Marc-Antoine Pérouse de Montclos, politologue, est directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Spécialiste reconnu du continent africain, il est notamment l’auteur de « Les humanitaires dans la guerre : des idéaux à l’épreuve de la politique » (La Documentation française, 2013).
Politiste et directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’auteur connaît bien l’Afrique et ses hommes. Si de cette longue enquête de terrain il en sort un panorama des mouvements djihadistes, dans lequel sont décrites les origines historiques et sociales de ces mouvements, c’est avant tout pour mieux déconstruire un récit dominant truffé de stéréotypes et d’idées reçues. À commencer par la hantise d’une islamisation rampante des sociétés alimentées par l’explosion démographique d’abord.

(4) Cfr. sur EODE-BOOKS :
UNE GUERRE PERDUE : LA FRANCE AU SAHEL:
http://www.lucmichel.net/2020/02/03/eode-books-revue-de-presse-une-guerre-perdue-la-france-au-sahel/

(5) Cfr. Luc MICHEL pour PCN-INFO /
COMPRENDRE CE QUI SE PASSE EN FRANCE (2) : LA ‘FRENCH-AMERICAN FOUNDATION’ MATRICE DE LA COLLABORATION FRANCAISE
sur http://www.lucmichel.net/2014/01/11/pcn-info-comprendre-ce-qui-se-passe-en-france-2-la-french-american-foundation-matrice-de-la-collaboration-francaise/

(6) Cfr. “EYES ON THE ÉLYSÉE”, interview of Emmanuel Macron by Christine Ockrent, ‘MONOCLE’, March 2017, Issue 101, volume 11, p.45 – 47.

(7) Voir L’ARROGANCE FRANÇAISE de Romain Gubert, Emmanuel Saint-Martin, Balland Editeur, Paris 2003.
Un livre qui présente l’arrogance française actuelle dans le monde, patrie des Lumières, du droit, de la liberté et de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. Qui montre qu’elle souhaite se présenter comme un modèle unique de civilisation sur la scène internationale, qu’elle ne réalise pas son aveuglement et qu’elle dérange.

(8) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
ATTENTAT DE BEYROUTH (V) : DUEL FRANCO-RUSSE SUR FOND D’ENQUETE MANIPULEE
Sur https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/posts/2031034850364256

(9) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ FLASH VIDEO/ LA RUSSIE SE PROFILE COMME LA FUTURE PROTECTRICE DU LIBAN AU GRAND DESARROI D’ISRAEL
sur http://www.lucmichel.net/2018/12/26/luc-michels-geopolitical-daily-flash-video-la-russie-se-profile-comme-la-future-protectrice-du-liban-au-grand-desarroi-disrael/

(10) Sur l’opposition entre Poutine et Varsovie :
Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ DEBAT SUR LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET GEOHISTOIRE (I) : POUTINE PUBLIE UNE IMPORTANTE TRIBUNE HISTORIQUE POUR DENONCER LE ‘REVISIONNISME OCCIDENTAL’
sur http://www.lucmichel.net/2020/06/23/luc-michels-geopolitical-daily-debat-sur-la-seconde-guerre-mondiale-et-geohistoire-i-poutine-publie-une-importante-tribune-historique-pour-denoncer-le-revisionnisme-occidenta/

(11) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
REVOLUTION DE COULEUR A MINSK (I): BRUXELLES-VARSOVIE-VILNIUS OUBLIENT QUE LE BELARUS APPARTIENT A LA SPHERE D’INFLUENCE GEOPOLITIQUE RUSSE
sur https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/posts/2016281358506272

(12) Voir sur LUC-MICHEL-TV/
LUC MICHEL: ‘GRAND REPORTER’ EN CENTRAFRIQUE 2019. LE FILM !
sur https://vimeo.com/374284692

(13) Cfr. « LE GAMBIT DE MOSCOU EN AFRIQUE : LA CENTRAFRIQUE », in ‘VLADIMIR POUTINE MESSIE DE LA PAIX’ : SYRIE – CENTRAFRIQUE – LIBYE, LA RUSSIE GARANTE DE L’INTEGRITE DES FRONTIERES DES ETATS (NHM MAGAZINE)
sur http://www.lucmichel.net/2020/03/04/luc-michels-geopolitical-daily-revue-de-presse-vladimir-poutine-messie-de-la-paix-syrie-centrafrique-libye-la-russie-garante-de-lintegr/

(14) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ GEOPOLITIQUE AFRICAINE: COMMENT LA ‘RUSSIE REVISITE LES ANCIENS CHAMPS DE BATAILLE DE LA GUERRE FROIDE’ (VU DES USA)
sur http://www.lucmichel.net/2018/06/21/luc-michels-geopolitical-daily-geopolitique-africaine-comment-la-russie-revisite-les-anciens-champs-de-bataille-de-la-guerre-froide-vu-des-usa/

(Sources : Le Point – Pars Today – Stratfor – AFP – Monocle – Luc-Michel-TV – EODE Think Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
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