Élections législatives du 31 juillet 2022 au Sénégal :
Le Géopoliticien Luc Michel parle de la victoire prévisible de la mouvance présidentielle face au désordre de l’opposition…

Luc MICHEL/
2022 07 13

Les élections législatives du 31 juillet seront un nouveau test pour le chef de l’État qui amorce la dernière ligne droite de son mandat. Il doit manœuvrer entre les assauts de l’opposition et les ambitions de son propre camp, sans parler de la nomination sans cesse repoussée d’un Premier ministre.

NOUVELLE « REVOLUTION DE COULEUR » SOUS PRETEXTE DE CRISE ELECTORALE

À moins de deux mois des élections législatives, le climat politique se crispe alors que des leaders politiques de l’opposition sont exclus. Les legislatives de juillet sont organisées apres les locales de mars, remportées par l’opposition dans plusieurs grandes villes comme Dakar, Ziguinchor (sud) et Thies (ouest). villes comme Dakar, Ziguinchor (sud) et Thiès (ouest).

Les Sénégalais sont appelés à nouveau aux urnes pour des élections législatives très attendues. Mais ces derniers jours, le contexte politique s’est crispé. En effet, le Conseil constitutionnel a décidé, vendredi 3 juin, de rejeter les recours de la principale coalition d’opposition, « Yewwi askan wi », contre la décision du ministère de l’Intérieur de ne pas enregistrer la liste nationale de cette coalition, jugée irrecevable. Cette décision revient à écarter des élections du 31 juillet certaines des figures de l’opposition, dont Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024. L’actuelle Assemblée est largement dominée par la coalition présidentielle.

Cette décision alarme un certain nombre d’analystes, inquiets d’une impasse politique et du risque de contestation. Elle a été prise après des semaines de confusion sur la validation des listes électorales, à commencer par la recevabilité des listes de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi (« Libérons le peuple ») et de la majorité présidentielle Benno Bokk Yaakkar (BBY).

Les Sénégalais élisent leurs 150 députés selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora élit 15 députés. Pour le scrutin proportionnel, les organisations présentent une liste de titulaires et une liste de suppléants.

Le ministère de l’Intérieur a validé le 30 mai huit listes nationales. Mais il a déclaré « irrecevable » la liste des titulaires de Yewwi Askan Wi. Il a fait de même avec la liste des suppléants de Benno Bokk Yaakkar, mais cette décision a été considérée comme beaucoup moins lourde de conséquences, les principaux candidats de la majorité restant en course. Au contraire, Ousmane Sonko est écarté. Les autorités reprochent à sa liste l’inéligibilité d’une de ses candidates, figurant par inadvertance à la fois parmi les titulaires et les suppléants. Elles reprochent à celle de Benno Bokk Yaakkar de manquer aux règles de parité hommes-femmes.

Les juges constitutionnels ont confirmé ces décisions en rejetant les recours introduits contre elles. Déthié Fall, mandataire de Yewwi Askan Wi, cité dans le quotidien L’Observateur, estime que leur décision « nous met dans une situation inédite d’élections avec des moitiés de liste ». Il a indiqué que la coalition allait rapidement « apprécier la situation ».

Yewwi Askan Wi a dénoncé une tentative de la part du président Macky Sall de l’éliminer des élections sous couvert de moyens légaux. Fin mai, alors que la validation de la liste était déjà en question, Ousmane Sonko avait appelé les jeunes, parmi lesquels il est populaire, à « se lever » et avait envisagé la possibilité d’aller « déloger » le président Sall du palais présidentiel si nécessaire, selon des propos rapportés par la presse. Son parti avait conclu une alliance avec la coalition Wallu Sénégal (Sauver le Sénégal en langue ouolof) dirigée par l’ex-président Abdoulaye Wade. La coalition la moins bien placée dans un département s’engage à soutenir l’autre avec l’objectif « d’imposer à Macky Sall une cohabitation gouvernementale ».

Le président a rétabli le poste de Premier ministre en décembre 2021. Mais il n’a toujours pas nommé de chef de gouvernement. Macky Sall a indiqué dans un récent entretien avec le magazine Jeune Afrique qu’il le choisirait après les législatives au sein de la formation qui les aura remportées. Élu en 2012 et réélu en 2019, le chef de l’État sénégalais a aussi dit qu’il lèverait après ces élections le flou sur une candidature ou non de sa part à un troisième mandat en 2024.

Avant la décision constitutionnelle, l’opposition appelait déjà à manifester mercredi 8 juin dans un contexte économique miné par la hausse des prix des denrées de premières nécessités. Cet appel n’est pas sans rappeler le contexte dans lequel la mise en cause de Ousmane Sonko par la justice dans une affaire de viols présumés avait contribué en mars 2021 à plusieurs jours d’émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts.

QUAND JEUNE AFRIQUE SOUTIENT SONKO

L’hebdo françafricain écrit : « Et soudain, les sifflets se taisent. Les chants entonnés par la foule s’interrompent. Ce 8 juin à Dakar, face aux milliers de partisans venus les soutenir sur la place de l’Obélisque, Ousmane Sonko, le joker de Sorös, et ses alliés commencent leur rassemblement par une minute de silence en mémoire des victimes tombées lors des manifestations. Sur l’estrade, le « chef de l’opposition » annonce : « Tant que Macky Sall sera au pouvoir, le Sénégal ne sera pas stable. Cette manifestation est un avertissement ». Et il ajoute : « Quand un ordre est illégal, il faut désobéir ». »

Il ajoute : « Quelques jours plus tard, les leaders de l’opposition lancent un nouvel appel à manifester pour protester contre l’invalidation des candidats titulaires de leur liste nationale aux législatives – liste menée par Sonko. Ils accusent Macky Sall d’avoir comploté pour les empêcher d’y participer. Cette fois-ci, le rassemblement est interdit. À Dakar, à Ziguinchor et à Bignona, des heurts éclatent entre manifestants et forces de l’ordre, faisant au moins trois morts et onze blessés. Plusieurs leaders de l’opposition sont arrêtés. Sonko accuse le chef de l’État d’avoir cédé « à la panique » et lui reproche son « obsession » de vouloir briguer un troisième mandat. »

CRISE AU SENEGAL. LE VRAI DESSOUS DES CARTES GEOPOLITIQUES

Macky Sal a « retourné sa veste » géopolitique depuis 2018 :
Il participe à trois grandes opérations anti-occidentales avec l’Iran, le Vénézuela et la Russie.

* Le corridor anti-sanctions Téhéran-Caracas :
destiné à permettre à ces deux pays de contourner les sanctions économiques des USA et de l’UA, et notamment de continuer à vendre leurs hydrocarbures ; l’Iran en particulier veut vendre son pétrole au Sénégal et investir dans son industrie gazière.

« L’Iran est prêt à approvisionner le Sénégal en produits pétroliers, alors que le république islamique vise à s’installer sur le marché africain », a rapporté la chaîne d’information d’Etat Press TV citant le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh. « L’Iran peut être un bon approvisionneur de produits pétroliers pour le Sénégal et ses pays voisins », a déclaré M. Zanganeh lors d’un entretien avec le ministre sénégalais des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye, en visite à Téhéran. « L’Iran peut également aider à rénover les installations de transformation de pétrole au Sénégal », a indiqué M. Zanganeh, ajoutant « que son pays voulait développer une coopération à long terme en matière de production de pétrole, de gaz et pétrochimique et de raffinage avec le Sénégal ».

* La participation au Cartel des pays producteurs de Gaz (Russie, Iran, Algérie, Guinée Equatoriale), dite « OPEP du Gaz :
visant à arracher la production de Gaz des mains occidentales et à briser la domination américaine du Gaz de schiste ; on notera que le relais africain de ce cartel est Malabo, Etat néopanafricaniste, qui a organisé en 2019 le Sommet des Etats producteurs de Gaz et qui collabore économiquement avec le russe Gazprom.

* Le pétrole sénégalais donné au russe Lukoil :
en particulier une bataille économique oppose les russes pour les champs de Sangomar à la multinationale anglo-saxonne Woodside (Australie).

« Pour Lukoil, se positionner sur le pétrole de Sangomar conforte sa stratégie de renforcement de sa présence en Afrique. C’est pour cela que malgré un premier revers, la société essaie de saisir une nouvelle opportunité pour s’y installer. Après avoir vu son offre de rachat des 40 % d’intérêts de Cairn sur le pétrole de Sangomar bloquée par le droit de préemption de l’opérateur Woodside, la société russe Lukoil revient avec une offre de rachat de FAR Ltd. Pour assurer la seule condition à laquelle FAR ne cèdera pas ses 15 % de parts sur Sangomar à Woodside, il faut que la société soit rachetée par une autre entité. »

D’où la tentative d’organiser une révolution de couleur au Sénégal par Washington et Paris, grande manipulation travestie en opération anti-Françafrique. Mais saluée par les médias d’état français ! A cette opération participe « Y’en a marre » financée par Georges Sorös (financement interdit au Sénégal depuis ce vendredi) …

L’ÉTAT VA RETIRER L’AGRÉMENT D’OSIWA POUR FINANCEMENT DE Y EN A MARRE

« L’affaire Sonko continue de produire des effets jusque-là où on s’y attend le moins. Le Quotidien a appris que le gouvernement a décidé de retirer son agrément à l’Ong Open Society West Africa au Sénégal (Osiwa Sénégal). La cause, le soutien financier que cette organisation apporterait à des organisations comme Y en a Marre. Dans ces moments troubles, marqués par des violences de rue, où l’on note la grande implication des membres de cette structure dans le combat pour la libération de Ousmane Sonko ainsi que d’autres détenus, les pouvoirs publics chercheraient à réduire leur capacité de nuisance en les privant de ressources économiques ».

Il serait reproché à Osiwa d’avoir fait transférer au moins 70 mille dollars américains (environ 45 millions de Cfa), à Y en marre, à travers TrustAfrica. La décision de suspendre l’organisation de George Soros au Sénégal sera, disent certaines personnes bien informées du dossier, rapidement notifiée à la représentation diplomatique des Etats-Unis d’Amérique au Sénégal.

QUAND LA PRESSE SENEGALAISE PARTAGE LES INFOS DE LUC MICHEL :
« SONKO PRESENTE COMME UN PION DE L’OCCIDENT CONTRE LE BLOC DE L’EST… » (28/06/2021)

« J’ai beaucoup hésité avant de rédiger les lignes qui suivent, on va encore me taxer de « jaloux », mais que faire alors du droit des Sénégalais à l’information qui les concerne plus directement?

En clair, dans cette vidéo qui date de quelques heures seulement, le géopoliticien belge Luc Michel présente Ousmane Sonko comme un pion de la France, pour endiguer la percée de certains concurrents de Paris au Sénégal, qui lorgnent nos immenses ressources gazières et pétrolières.

Pourtant, aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, le leader de Pastef a assoupli sa ligne dure contre la France, et par extension, contre l’Occident. Il a même édifié une coalition panafricaine avec l’opposant tchadien Succès Masra, bien en cour auprès du département d’Etat américain, selon les révélations de la très bien introduite Lettre du Continent.

A cet égard, je vous ai récemment dit que même le fait de l’inviter pour débattre sur la nouvelle monnaie ECO, là où des panafricanistes éprouvés comme Nathalie Yamb ont décliné, participerait d’une stratégie de communication machiavéliquement travestie en opération anti-Françafrique.

Luc Michel, décrit comme un membre de la presse « pro-russe » que dénonce Emmanuel Macron, est souvent dur avec Macky Sall et Alassane Ouatara, ou encore le mouvement Y en a marre et son bailleur l’Américain George Soros.

C’est pourquoi – quand bien même tout ce qu’il raconte n’est pas vérité ex cathedra – j’ai été surpris de l’entendre dépeindre Sonko sous les traits d’un homme que les Français ont fini de retourner, comme ce fut le cas avec Hissène Habré, au début des années 80, pour contenir les assauts de Kadhafi, menaçant, depuis le Tchad, la sphère d’influence africaine de Paris. »

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