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2023 02 25

« Autour de l’Ukraine, une inquiétante escalade », titre Le Temps (Genève) : « Le jeu d’annonces russes et chinoises suivant la visite de Joe Biden à Kiev confirme que l’Ukraine est devenue l’épicentre d’une bataille beaucoup plus large: celle qui voit s’affronter les acteurs d’une guerre froide inachevée ».
Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications et la chronologie du dossier.

UN DEMI-SIECLE D’EFFORTS VISANT A PREVENIR LA GUERRE NUCLEAIRE A PRIS FIN » DISENT LES MEDIAS DE L’OTAN.

Mardi, Vladimir Poutine a déclaré suspendre la participation russe au traité New Start. Personne ne s’étonnera de cette annonce: cela fait des semaines que Moscou refuse la reprise des inspections mutuelles des arsenaux nucléaires stratégiques, et les Russes viennent de se faire exclure pour la première fois de la Conférence de Munich sur la sécurité, eux qui y avaient signé le traité aux côtés des Américains en 2011.
Ce 21 février restera une date marquante dans le déroulé de la guerre. Dans les actes, d’abord. Voici qu’est suspendu le dernier accord sur l’armement liant Russie et Etats-Unis, alors que ces deux pays détiennent 90% de l’arsenal nucléaire mondial. Dans les paroles conjointes des Russes et des Chinois, ensuite. Vladimir Poutine fustigeait mardi «l’élite occidentale» qui «ne cache pas ses objectifs, qui sont d’infliger une défaite stratégique à la Russie, c’est-à-dire qu’un conflit local doit entrer dans une phase d’affrontement mondial». Quasi en même temps, la Chine dénonçait la «mentalité de guerre froide» de Washington tout en présentant Moscou comme une victime des manœuvres occidentales.

Pékin a aussi choisi les heures précédant le discours de Joe Biden à Varsovie pour expliciter sa stratégie anti-américaine et son «initiative de sécurité mondiale» à travers deux documents au ton particulièrement dur. Une guerre de communication qui passe aussi par les visites officielles. C’est ainsi que le plus haut diplomate chinois, Wang Yi, s’est rendu à Moscou quelques heures après le déplacement de Joe Biden à Kiev, alors qu’enfle la rumeur d’un soutien militaire de Pékin à la Russie.

Rien ne laisse présager la fin du conflit dans lequel le Kremlin a entraîné l’Ukraine ces dernières années, plus encore depuis le 24 février 2022. Des violences porteuses de conséquences bien au-delà des frontières dans lesquelles elles se déroulent, comme l’a rappelé Joe Biden mardi: «Quand Moscou a envahi l’Ukraine, elle a mis à l’épreuve le monde entier.» La multiplication, ces trois derniers jours, de discours et d’actes offensifs de la part des trois mastodontes que sont Pékin, Moscou et Washington représente clairement une escalade faisant craindre que cette guerre-là ne reste pas froide.

QUI MENACE VRAIMENT LA PAIX ?

Si Moscou suspend sa participation, elle ne se retire pas du traité – la nuance est de taille. Au contraire, vous évoquez – de manière tout à fait erronée – un accord “aboli“, ce qui n’est absolument pas le cas. En revanche, il a relativement peu été question, il n’y a pas si longtemps, du retrait – pour de bon, cette fois – des États-Unis d’un accord réellement historique (INF), puisque signé il y a 35 ans par les présidents Reagan et Gorbatchov. (https://www.bbc.com/news/world-us-canada-49198565 ).

De même, presque aucun média n’a parlé du changement de doctrine de frappe nucléaire officialisé par les États-Unis en avril 2022 (et déjà dans l’air depuis 2017/18…), selon laquelle ce pays se permet dorénavant d’utiliser l’arme nucléaire en première frappe et non plus seulement comme riposte (https://www.armscontrol.org/act/2022-04/news/biden-policy-allows-first- …). Nul doute que le jour où la Russie annoncera un revirement similaire, ce sera une levée unanime de boucliers, accompagnée de cris d’orfraies.

L’OTAN évoque ensuite des déclarations (prétendument) belliqueuses des Russes et des Chinois, alors que ce genre de rhétorique de la part de l’OTAN et de l’UE – sans parler des agitations d’enfant gâté de l’autre Vladimir (ou Volodymyr, comme si la transcription latine du cyrillique devait montrer la différence ô combien fondamentale entre Russes et Ukrainiens) , s’affiche dans tous les médias depuis une année.

La principale raison, précisément, pour laquelle rien ne laisse présager une fin de ce conflit, est la volonté continuellement affichée et déclarée de l’OTAN (donc des É.-U.) et de ses marionnettes ukrainiennes et européennes – qui envoient sans vergogne au casse-pipe de la chair à canon ukrainienne, créant une génération tout entière d’orphelins – de poursuivre ce conflit jusqu’à la victoire finale (des armes sur l’humanité?). Un conflit au demeurant déjà préparé depuis 2014, puisque les Accords de Minsk, de l’aveu même de Mme Merkel (https://www.zeit.de/2022/51/angela-merkel-russland-fluechtlingskrise-bu …), ne visaient qu’à donner à l’Ukraine du temps pour préparer une nouvelle guerre.

Il faudrait en dire encore long sur cette guerre qui, comme bien d’autres crises qui se succèdent depuis quelque temps, profitent toujours à une élite (finance, pharmas, pétroliers, négociants en matières premières, vendeurs d’armement, etc.) et à quelques idiots utiles – mais en tout cas pas aux peuples serviles dont on construit l’adhésion et le consentement par des formules depuis longtemps éprouvées – la peur, la haine, la désignation d’un bouc émissaire…
Ce billet ne fait hélas pas exception à l’habitude d’un journalisme partisan et aux sources souvent douteuses, paradoxalement vecteur bien plus important de fake news que les réseaux sociaux – qui ont bon dos… Ces derniers sont pourtant riches d’une véritable pluralité d’opinions et d’informations, aux antipodes de la pensée quasi unique observée chez les grands médias dans leur analyse des sujets d’actualité.

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