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2023 05 30

Luc Michel sur « LE DEBAT PANAFRICAIN » du 21 05 2023: « LES BUT DE GUERRE DE LA RUSSIE EN UKRAINE »
Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications et la chronologie du dossier.

LES BUT DE GUERRE DE LA RUSSIE EN UKRAINE :
UN GENERAL RUSSE AFFICHAIT SES BUTS DE GUERRE EN AVRIL 2022

Selon Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie, Moscou viserait le « contrôle total du Donbass » et du sud du pays, afin de réaliser une continuité territoriale avec la Transnistrie. Odessa serait alors dans la ligne de mire.

C’est une parole officielle mais controversée qui vient d’être rapportée par les agences de presse et les médias russes. Et qui, si elle venait à être confirmée, augurerait encore de longs mois de conflit. Selon le général Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie, son armée viserait « le contrôle total du Donbass et du sud de l’Ukraine », afin de disposer d’un pont terrestre vers la Crimée et d’établir la jonction avec la Transnistrie – la PMR ou Priednestrovie, la République Molave du Dniester – région russophone de la Moldavie, autoproclamée indépendante depuis la chute de l’Union soviétique. « Transnistrie » utilisé par les politicards et les presstitutes de Bruxelles est le nom de la région offerte par Hitler, avec Odessa, à la Grande-Roumanie fasciste en 1941-44 !

« Cela permettra d’assurer un couloir terrestre vers la Crimée, ainsi que de peser sur des infrastructures vitales de l’économie ukrainienne, les ports de la Mer Noire à travers lesquels se font les livraisons de produits agricoles, métallurgiques », a-t-il précisé à l’occasion d’une réunion avec des entreprises du complexe militaro-industriel russe tenue à Ekaterinbourg en Oural. « Le contrôle du sud de l’Ukraine, c’est également un couloir vers la Transnistrie, où l’on observe des cas d’oppression de la population russophone », a encore assuré le général Minnekaïev, qui n’a pas manqué de multiplier les parallèles avec la seconde guerre mondiale, conformément au discours officiel du Kremlin. « Nous combattons le monde entier, en ce moment, comme lors de la Grande guerre patriotique, toute l’Europe, toute la planète était alors contre nous. C’est la même chose maintenant, ils n’ont jamais aimé la Russie ».

Redouté par les chancelleries occidentales et bien sûr par Kiev, ce scénario impliquerait un siège ou une tentative de conquête par l’armée russe du grand port d’Odessa, ville russe créée par Catherine la Grande, située sur la mer noire, et qui demeure essentiel pour les exportations des immenses richesses agricoles et minières de l’Ukraine.

LE MASSACRE D’ODESSA

Lorsque Vladimir Poutine avait lancé, à la fin février 2022, cette « opération spéciale » que le président russe refuse jusqu’à présent à qualifier de « guerre », il avait rappelé le massacre survenu au mois de mai 2014, lorsque des militants, pour la plupart communistes, s’étaient réfugiés dans la maison des Syndicats à Odessa, avant que 43 d’entre eux n’y perdent la vie, assassinés ou brulés vifs par des organisations paramilitaires d’extrême-droite.

* Ecoutez le podcast sur RADIO.LUCMICHEL :
LE VRAI VISAGE DE LA JUNTE DE KIEV (1), LE MASSACRE DES PRO-RUSSES PAR LES NÉO-NAZIS UKRAINIENS A ODESSA EN 2014
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Reste cependant à savoir si l’armée russe serait en capacité de mener l’assaut contre cette immense ville symbole de plus d’un million d’habitants, fondée en 1794 par l’impératrice Catherine II.

« IL Y A EU, EN 2014, UNE « REPUBLIQUE POPULAIRE D’ODESSA »

… (sur le modèle des Républiques autonomes de Lougansk et Donetsk, ndlr) rappelle le colonel Jacques Baud, ancien expert militaire de l’armée suisse, ex membre d’une mission de désarmement dans le Donbass pour l’Otan et auteur du livre « Poutine, le maître du jeu » paru aux éditions Max Milo. « On peut imaginer que les Russes s’appuient sur cette population russophone pour tenter une éventuelle révolution. Mais ils devraient avoir de grandes réticences à entrer dans une ville de cette taille. A priori ils n’ont pas, pour le moment, les moyens militaires de la soumettre, car cela nécessiterait des troupes au sol absolument considérables ».

LES PROPOS DU GENERAL MINNEKAÏEV DISANT VOULOIR ATTEINDRE LA « TRANSNISTRIE »

La Moldavie a convoqué fin avril 2022 l’ambassadeur de Russie pour protester contre les déclarations du général russe affirmant que Moscou « voulait prendre le contrôle du sud de l’Ukraine pour avoir un accès à une région séparatiste moldave ». La Moldavie avait exprimé sa «profonde préoccupation» auprès de l’ambassadeur au sujet de ces propos du général russe Roustam Minnekaïev, avait alors indiqué le ministère moldave des Affaires étrangères dans un communiqué. «La Moldavie est un pays neutre» et appelle Moscou à «respecter ce principe», a-t-il ajouté.

L’inquiétude de la Moldavie porte sur des déclarations du général Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie, qui avait affirmé que Moscou voulait prendre le «contrôle total sur le Donbass (est) et le sud de l’Ukraine».

«UN COULOIR VERS LA TRANSNISTRIE»

Selon Roustam Minnekaïev, donc, le contrôle du sud de l’Ukraine doit notamment permettre de venir en aide aux séparatistes prorusses de Transnistrie, qui dirigent depuis 1991 ce territoire de Moldavie frontalier de l’ouest de l’Ukraine. Une garnison militaire russe s’y trouve déjà. «Le contrôle du sud de l’Ukraine, c’est également un couloir vers la Transnistrie, où on observe également des cas d’oppression de la population russophone», a assuré le général Minnekaïev.

Ces déclarations ont de quoi susciter l’inquiétude des autorités moldaves, Moscou ayant justifié son invasion de l’Ukraine en accusant notamment le gouvernement de Kiev de persécuter les populations russophones.

Complexes, les relations entre la Russie et la Moldavie, une ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants nichée entre la Roumanie et l’Ukraine, se sont tendues après l’élection en 2020 d’une présidente pro-européenne, Maïa Sandu, qui a rompu la neutralité de Chisinau …

LA PMR OU PRIEDNESTROVIE, LA REPUBLIQUE MOLAVE DU DNIESTER

La soi-disant « Transnistrie », qui a fait sécession de la Moldavie après une brève guerre civile à la fin de l’URSS, dans la foulée de l’effondrement de l’Union soviétique, compte environ 500.000 habitants et est soutenue économiquement et militairement par Moscou. Elle n’est pas reconnue comme un État par la communauté internationale.

APRES LA CRIMEE, DONETSK ET LUGANSK, LA TRANSNISTRIE ?

Le petit territoire séparatiste situé en Moldavie a lui aussi demandé son rattachement à la Russie. Dès 2006,
Notre Ong EODE, ayant organisé fin 2006 le monitoring international du Référendum d’auto-détermination.

Vladimir Poutine va-t-il s’arrêter au rattachement de la Crimée? L’est de l’Ukraine pourrait être la prochaine étape dans son entreprise de lutte contre l’influence occidentale et de reconstitution d’une grande Russie. Mais les regards se tournent aussi de l’autre côté de l’Ukraine, vers un territoire gros comme la moitié de la Corse et beaucoup mentionné ces derniers jours du côté du Kremlin : la « Transnistrie ». En fait la PMR, située géographiquement en Europe mais de fait une enclave russe en Moldavie, au sympathique décorum tout soviétique.

La PMR est une étroite bande de terre coincée entre le fleuve Dniestr et la frontière ukrainienne, qui se fait appeler «République moldave du Dniestr». La PMR, 4 200 km et 500 000 habitants, s’est dotée des attributs d’un Etat : elle a sa propre monnaie (le rouble de Transnistrie), son hymne, son Soviet suprême, son drapeau avec faucille et marteau, son armée et son KGB. La région est entièrement tournée vers la Russie, dont elle a fait partie pendant deux siècles. Les statues de Lénine et les portraits de Vladimir Poutine font partie du sympathique décor. Deux tiers des habitants sont russophones. La moitié d’entre eux se considèrent russe, les autres ukrainiens. Le troisième tiers sont des Moldaves.

En 1991, profitant de la dislocation de l’URSS, la Moldavie roumanophone a déclaré son indépendance. La Transnistrie, craignant de tomber dans l’orbite de la Roumanie, s’est alors autoproclamée indépendante de la Moldavie. Ce fut chose faite au terme d’une courte guerre d’indépendance, déclarée par la Moldavie, soutenue par Bucarest et Washington, qui a fait tout de même 500 morts. Sauf que depuis, personne n’a reconnu la micro-république – si l’on excepte l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et le Haut-Karabakh, eux-mêmes territoires séparatistes reconnus par presque personne.

En septembre 2006, la Transnistrie a organisé un référendum, monitoré par EODE. Les électeurs ont voté à 97% à la fois pour l’indépendance et pour le rattachement à la Russie. La propagande officielle a fait campagne contre «le fascisme moldave» – tout comme en Crimée la semaine dernière les électeurs ont été appelés à faire barrage aux «fascistes de Kiev».

Depuis «l’indépendance», l’enseignement se fait en russe et en cyrillique (tandis que la Moldavie, roumanophone, utilise l’alphabet latin), et on y enseigne le culte de la grande Russie. Le Kremlin ne reconnaît pas officiellement le territoire, qui ne présente pas à ses yeux le même intérêt stratégique et historique que la Crimée, mais le soutient politiquement, économiquement et militairement. La Transnistrie est pour lui un levier côté européen. Depuis 1992, plusieurs centaines de soldats russes et tout un arsenal y sont stationnés. La Russie finance les retraites des fonctionnaires transnistriens. Elle offre gaz et pétrole à bas prix, apporte aux habitants une «aide humanitaire» sous forme de produits de première nécessité et distribue des passeports russes.

La PMR a demandé à la Douma, le Parlement russe, à être rattachée à la Russie. Sergueï, Lavrov, a évoqué en 2014 une réunion du gouvernement russe où devait être abordée la question du «soutien à la Transnistrie». «Nous insisterons pour que, dans les pays où vivent nos compatriotes, leurs droits et libertés soient pleinement respectés», avait-il dit. Panique à Chisinau, la capitale moldave.

«Si la Russie décide de connecter la Transnistrie avec la Crimée et l’Abkhazie [région séparatiste de Géorgie, ndlr]», cela formerait «un corridor qui créerait une zone de forte déstabilisation en Europe». «Nous devons regarder une carte et l’éviter.»

* Luc MICHEL a rédigé de nombreux rapports pour EODE.
Le plus connu est, en français et en anglais, « La République Moldave du Dniester » (sur la « Transdniestrie » et la Moldavie).
Voir EODE / RAPPORT PMR
Sur http://www.eode.org/report.htm

* RADIO.AFRIQUEMEDIA INTERNATIONAL
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* WebTV AFRIQUE MEDIA
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