Karel Huybrechts pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2023 06 09/ Série V/

Cette année, la Journée de l’Afrique marque les 60 ans de la fondation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Cet anniversaire soulève la question suivante : dans quelle mesure la vision des pères fondateurs de l’OUA s’est-elle concrétisée 60 ans plus tard ? Qu’est-ce qui n’existerait pas sans les efforts de l’organisation et de son successeur, l’Union africaine ?

* Ecoutez sur RADIO.KAMERUN#1/
LUC MICHEL (EODE-BRUXELLES) : LA JOURNEE DE L’AFRIQUE
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Lors de la création de l’OUA, deux visions concurrentes s’affrontaient. Kwame Nkrumah, le président du Ghana, dans son discours Africa must Unite (L’Afrique doit s’unir), avait plaidé en faveur d’un fédéralisme continental, d’une Union des États africains, d’un corps diplomatique continental, d’un ministère de la Défense et d’un marché commun.

Il avait été massivement mis en minorité par d’autres présidents qui refusaient d’abandonner leur souveraineté.

L’OUA, créée le 25 mai 1963, s’inspire donc de l’Organisation des États américains. Il s’agit d’une organisation intergouvernementale dont la charte l’engage à ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de ses États membres, même en cas de massacres. Elle s’inspirait des précédents établis par l’ONU, de la Ligue arabe et de l’Organisation des États américains, et plus tard de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).

« L’AFRIQUE DOIT S’UNIR » :
C’ETAIT LA VISION DE KWAME NKRUMAH

Ce panafricaniste convaincu espérait un devenir commun à l’Afrique, libérée de toute forme de colonisation. Il voulait fédérer les nations du continent sous l’appellation les États-Unis d’Afrique. C’est finalement le nom d’Organisation de l’unité africaine (l’OUA) qui a été choisi le 22 mai 1963, le régionalisme s’affirmant alors sur le continentalisme. Soixante ans après la création de l’OUA, que reste-t-il de la vision de Kwame Nkrumah?

« La libération et l’unification totales de l’Afrique, et c’est ainsi que notre père a défini le panafricanisme, cette libération et cette unification totales prennent du temps dit la fille de Nkrumah. Ainsi, le fait que nous ayons obtenu l’indépendance politique n’était que la première étape vers une émancipation totale : l’émancipation face à la mentalité coloniale, la décolonisation dans notre système d’éducation, etc.

Ainsi, lorsque Kwame Nkrumah a donné sa vision, nous étions encore au début de notre processus de décolonisation. Il est donc compréhensible que d’autres leaders n’aient pas compris ou adopté sa vision dans l’immédiat. Nous parlons également d’une période où la guerre froide était à son apogée. Elle battait son plein. Elle entraînait les petites économies et les petits pays dans cette guerre. Ainsi, certains dirigeants nationalistes, progressistes, désireux de nouer des échanges commerciaux non seulement avec l’Ouest, mais aussi avec l’Est, ont été accusés d’être des communistes. Ils ont été combattus, certains ont été tués, et de nombreux dirigeants ont fini par changer d’avis. »

Soixante ans après, que reste-t-il de sa vision ?

« Les directives sont là, tout le projet est là, il y a plus de 15 livres et de nombreux discours de Kwame Nkrumah qui existent. Nous devons les reprendre. Nous devons les étudier. Nous devons en débattre. Nous n’avons pas besoin d’être d’accord avec tout ce qu’il a dit. Mais nous devons nous familiariser avec ses idées. Parce que je crois que c’est là que réside notre rédemption. Et c’est là où nous puiserons l’inspiration pour faire de l’unité des 1,5 milliard d’Africains du continent et de l’extérieur une force puissante de progrès et de paix dans le monde entier. »

AFRIQUE: UN NOUVEAU CHAPITRE D’INDEPENDANCE

Depuis que la France s’est retirée du Mali, surtout que l’armée nationale du pays s’est ressaisie aux côtés des Russes, et qu’elle est de plus en plus indépendante et puissante, la panique se fait totalement sentir dans le camp occidental.

Moscou a annoncé récemment qu’elle continuera à soutenir le Mali dans sa lutte contre le terrorisme et contribuera encore à améliorer l’efficacité de l’armée.

De plus, ce sentiment anti-occupation et souverainisme est tellement fort au Mali, que les missions occidentales au Mali ne sont plus à l’abri de la colère des citoyens.

Paris n’a pas le choix, et c’est précisément les Africains qui ne lui laissent plus le choix. Les peuples malien et sahélien ont fait leur choix, et leur décision est irrémédiable. Les Occidentaux doivent quitter le Mali et le continent au plus vite.

En effet, le prochain sommet Russie-Afrique sera organisé à Saint-Pétersbourg prévu du 26 au 29 juillet 2023. Moscou a envoyé des invitations à tous les pays du continent, ne fermant la porte à personne, au contraire des États-Unis qui se montrent souvent plus sélectifs pour leur traditionnel sommet États-Unis-Afrique. Des dizaines de pays ont d’ores et déjà déclaré qu’ils se rendraient au sommet Russie-Afrique, A noté en mai auprès du média Russe Sputnik, l’ambassadeur russe Oleg Ozerov.

« Les confirmations continuent de se fait actuellement. Et du continent africain se sont plaints de pressions occidentales tentant de les dissuader de participer au prochain sommet Russie-Afrique » a déclaré Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité de Russie. De plus, le continent se tourne vers Moscou pour se protéger des révolutions de couleurs.

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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