Karel Huybrechts pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2023 08 27/ Série V/

Après le départ des entreprises occidentales suite à l’invasion de l’Ukraine, celles souhaitant vendre leurs actifs en Russie rencontrent de nouvelles difficultés. Le Kremlin exige désormais des remises plus importantes sur les prix de vente, selon l’agence Reuters. Les transactions sont scrutées par les autorités russes, certaines sont refusées et les entreprises envisagent des alternatives. Près de 200 ventes d’actifs ont été finalisées depuis mars 2022, mais sous des conditions jugées défavorables.

Moscou se montre de plus en plus difficile en affaires avec les entreprises étrangères souhaitant revendre leurs actifs à un repreneur russe. Tandis que les enseignes occidentales ont quitté la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les négociations avec les autorités russes pour tenter de récupérer une part de leurs investissements sont de plus en plus âpres, relève l’agence Reuters.

Google, Apple, Starbucks, ou encore LVMH, Kering, Renault du côté des groupes français… Nombre de marques ont cédé leur fonds de commerce à un repreneur russe bien souvent pour que celui-ci lance un service ou un produit similaire sans les codes occidentaux, avec l’aval obligatoire des autorités russes. Or, alors que la situation économique se tend en Russie avec une dépréciation constante du rouble, le Kremlin exige des remises plus importantes sur le prix de leurs actifs, ont déclaré des sources proches du dossier à l’agence Reuters.

Des valorisations changées :
Concrètement, certaines transactions font l’objet de demandes de remises supplémentaires avant d’être avalisées par les autorités russes, selon trois sources proches du dossier qui ont souhaité rester anonymes. Le ministère russe des Finances a déclaré qu’il n’obligeait pas à réduire le prix de vente final, mais qu’il pouvait ajuster la valorisation au cours du processus de vente.

Le prix ne peut être modifié que si la commission s’aperçoit d’une évaluation incorrecte de la valeur marchande d’une entreprise étrangère », a déclaré le ministère dans une réponse écrite à Reuters.

Le ministère russe de l’Economie et la Banque centrale russe évaluent également les entreprises et peuvent apporter un « correctif » à un prix, a ajouté le ministère. Selon une analyse réalisée par Reuters, les entreprises étrangères ont subi des pertes de plus de 80 milliards de dollars (74,24 milliards d’euros) liées à leurs opérations en Russie en raison de dépréciations et de pertes de revenus.

Des nouvelles conditions de cession :
Le producteur des bières Heineken a annoncé vendredi avoir achevé son retrait de la Russie, en cédant ses activités au groupe russe Arnest pour un euro symbolique. Moscou a également imposé, de manière progressive, des contraintes supplémentaires, auxquelles s’ajoute une menace d’une nationalisation, notamment depuis la prise de contrôle en juillet par l’Etat russe des filiales locales de Danone et du brasseur danois Carlsberg.

Parmi les entreprises qui sont encore en train de négocier les conditions de leur sortie figurent le groupe de télécommunications Veon le premier groupe internet de Russie, Yandex, coté au Nasdaq, et la première banque italienne Intesa Sanpaolo.

Côté français, l’enseigne de sport du groupe Mulliez, Decathlon, n’a pas non plus fini de céder tous ses magasins.

Une commission gouvernementale, chargée de surveiller les investissements étrangers, doit approuver les accords impliquant des entreprises de pays dits « hostiles », c’est-à-dire ceux qui ont imposé des sanctions à l’encontre de la Russie en raison de son invasion de l’Ukraine. Les banques et les entreprises du secteur de l’énergie doivent également obtenir l’approbation personnelle du président russe, Vladimir Poutine, pour pouvoir procéder à la vente de leurs actifs.

Une source issue du marché financier et travaillant avec des entreprises cherchant à quitter la Russie a déclaré que la commission rejetait certaines transactions, estimant que la valorisation devait être de 20 à 30% moins élevée. Une autre source, qui travaille sur des fusions et des acquisitions et avec des sociétés étrangères, a déclaré que les transactions dépassant 100 millions de dollars risquaient tout particulièrement d’être refusées.

Le dernier changement de prix freine les ventes et oblige les entreprises à envisager des solutions alternatives, a ajouté la source. Moscou exige déjà une remise de 50% sur toutes les ventes d’une entreprise appartenant à une société étrangère, après que des consultants sélectionnés par le gouvernement russe ont évalué les actifs. La Russie exige également une contribution au budget russe d’au moins 10% de la valeur marchande des actifs concernés.

Les entreprises étrangères ont finalisé 200 ventes d’actifs russes entre mars 2022 et mars 2023, dont environ 20% valaient plus de 100 millions de dollars, a rapporté la Banque centrale russe, en indiquant que les entreprises qui étaient sous pression pour quitter la Russie le faisaient à des conditions « défavorables ».

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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