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2023 09 19

Sahel:
la France face à une alliance militaire souveraine (Débat)
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger signent une alliance défensive. Les juntes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso, trois pays d’Afrique de l’Ouest, ont signé un accord de sécurité commun appelé « Alliance des États du Sahel », s’engageant à s’entraider en cas d’agression étrangère contre l’un des trois pays.
Jean Maxime Corneille, analyste politique spécialiste des sujets stratégiques français et le Belge Luc Michel géopoliticien, spécialiste de l’Afrique partagent leurs points de vue dans le débat de ce lundi 18 septembre 2023.

LA FRANCE POURRAIT ETRE « EFFACEE DE L’AFRIQUE GRACE A LA POLITIQUE RATEE DE MACRON »

Dans son édition du 12 août, le journal britannique The Telegraph a évoqué le coup d’État au Niger et la situation de la France qui risque d’être « effacée de l’Afrique » à cause de l’échec de la politique africaine du président Emmanuel Macron.

L’évaluation flétrie de la politique africaine de Macron fait suite à une escarmouche inhabituellement publique entre le président français et le chef de service de renseignement (DGSE), au sujet de l’identification du responsable qui n’a pas pu prévoir le coup d’État au Niger, après ceux au Mali et au Burkina Faso au cours des trois dernières années.

Selon le journal, après le coup d’État, Macron a réprimandé Bernard Emie, le chef de la DGSE, lui disant qu’il aurait dû prévoir la destitution de Mohamed Bazoum à la présidence du Niger.

« On voit que le mode de fonctionnement de la DGSE n’est pas satisfaisant. Quand tu ne vois rien venir, il y a un problème », a reproché Macron au chef de la DGSE selon diverses sources.

AFRIQUE : TOTAL ECHEC DE LA POLITIQUE FRANÇAISE

La France suspend son aide au développement et son appui budgétaire au Burkina Faso.
Pour sa part, Emie a insisté sur le fait qu’il avait lancé un avertissement sur la possibilité d’un coup d’État cette année, mais qu’il avait été ignoré par le gouvernement.

À en croire les médias français, le chef de la DGSE a en effet informé Macron du coup d’État imminent au Niger, mais le président français a exclu l’envoi de forces spéciales pour protéger Bazoum arguant que cette décision serait interprétée comme du colonialisme.

« C’est trop facile de blâmer la DGSE. En réalité, c’est toute la stratégie africaine de Macron qui a échoué », a déclaré au journal The Telegraph Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique et co-auteur du livre Macron’s African Trap.

Le rapport poursuit en évoquant les avertissements des hauts responsables politiques français à la suite du coup d’État au Niger selon lesquels la France risque d’être effacée de l’Afrique à cause de l’échec de la politique d’Emmanuel Macron sur le continent.

Les dirigeants du coup d’État au Niger ont annoncé vendredi matin que toute intervention militaire dans ce pays serait immédiatement répondue.
Cette semaine, trois sénateurs de droite, soutenus par 96 députés de différents partis, ont pris pour cible la politique du président français, se demandant si la France était vouée à être “effacée” du continent africain. Des sénateurs ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour dénoncer l’échec de l’opération Barkhane, appelant à revoir la politique de la France sur le continent africain.

“Aujourd’hui le Niger, hier le Mali, la République centrafricaine et le Burkina Faso ont rejeté la France, les forces françaises, les entreprises françaises”, a écrit Le Figaro citant la lettre ouverte de 96 sénateurs.

Les sénateurs ont écrit que le sentiment anti-français s’était même répandu dans “des pays réputés être proches de la France, comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal”.

“N’est-il pas temps de remettre à zéro notre vision de l’Afrique et de ses relations avec la France ?”, ont-ils demandé à Macron.

Le journal The Telegraph, citant des sources diplomatiques, a averti que si les coups d’État du Niger continuent de régner, des incidents similaires pourraient se produire dans d’autres pays africains.

QUAND LE SAHEL CHANGE TOUTES LES EQUATIONS DE L’OCCIDENT

Il est vrai que depuis la prise du pouvoir par Traoré au Burkina Faso, plus le temps passe, plus l’axe Occident se rend compte du fait qu’après le Mali, le Burkina est le centre d’une lutte anti-Occident acharnée, une lutte multidimensionnelle qui en surprend plus d’un.

Après une année de reprise de souveraineté au Burkina Faso, comment peut-on analyser la situation dans ce pays ?

LES JUNTES MILITAIRES DU NIGER, DU BURKINA FASO ET DU MALI ONT SIGNE UN PACTE DE SECURITE COMMUN

Le Niger, le Mali et la Burkina Faso signent un pacte de sécurité tripartite, le 16 septembre. (Echomagazine)
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont signé un pacte de défense trilatéral engageant les trois pays du Sahel à s’entraider en cas d’attaque militaire contre l’un d’entre eux.

Les juntes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso, trois pays d’Afrique de l’Ouest, ont signé un accord de sécurité commun appelé « Alliance des États du Sahel », s’engageant à s’entraider en cas d’agression étrangère contre l’un des trois pays.

Les trois pays se démènent pour contenir les terroristes liés à Al-Qaïda et à Daech, et ont également vu leurs relations avec leurs voisins et leurs partenaires internationaux mises à mal par des coups d’État militaires.

Le dernier coup d’État au Niger a creusé un fossé supplémentaire entre les trois pays et le bloc régional, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a menacé de recourir à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays. Suite à cette menace, les dirigeants du Mali et du Burkina Faso se sont engagés à venir en aide au Niger si la CEDEAO mettait sa menace à exécution.

LE NIGER LAISSE LE BURKINA FASO ET LE MALI INTERVENIR EN CAS D’AGRESSION

Le Niger a autorisé les forces armées du Mali et du Burkina Faso à intervenir sur son territoire en cas d
Selon la charte du pacte signé par les trois pays, « toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres pays signataires de l’accord ».

Toujours sur la même page, « les autres États seraient prêts à fournir une assistance individuelle ou collective, voire à recourir à la force armée si cela s’avérait nécessaire ».

« J’ai signé ce jour avec les Chefs d’Etat du Burkina Faso et du Niger la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des États du Sahel (AES) ayant pour objectif d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle au bénéfice de nos populations », a déclaré le chef de la junte malienne, Assimi Goita, sur son compte X (ex-Twitter).

Les trois pays étaient auparavant membres de la force conjointe « Alliance G5 Sahel » soutenue par la France, avec le Tchad et la Mauritanie, lancée en 2017 sous le prétexte de lutter contre les groupes terroristes d’Al-Qaïda dans la région.

Le Mali a quitté l’alliance inerte après un coup d’État militaire, tandis que le président déchu du Niger, Mohamed Bazoum, a déclaré en mai 2022 que la force était désormais « morte » après le départ du Mali. Les relations entre la France et les trois États se sont détériorées depuis les coups d’État dans le trio Niger-Mali-Burkina Faso.

DES MILLIERS DE NIGERIENS ONT ORGANISE UNE NOUVELLE MANIFESTATION CONTRE LA FRANCE A NIAMEY

Samedi 16 septembre, des milliers de personnes ont manifesté devant une base militaire abritant des soldats français à Niamey, la capitale du Niger, pour exiger leur départ de leur pays.

« Trop c’est trop… Ils doivent tous retourner dans leur soi-disant pays, la France », a déclaré l’un des manifestants à l’AFP.

Les manifestants ont brandi des drapeaux du Niger lors de leur marche pour demander le départ des soldats français.

« Nous ne voulons pas de la France aujourd’hui, nous ne voulons pas de la France demain. Qu’ils laissent notre pays tranquille », a déclaré un autre manifestant cité par l’AFP.

La manifestation de samedi s’est déroulée devant une base aérienne, qui abrite une partie du contingent français au Niger, près de l’aéroport de Niamey.

Les manifestations anti-françaises ont commencé il y a quinze jours lorsque des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés devant la base pour exiger le départ des troupes françaises et de l’ambassadeur. Depuis, des centaines de personnes sont restées sur la base, promettant de poursuivre leurs marches de protestation jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.

La nouvelle manifestation a eu lieu après que le président français, Emmanuel Macron, a accusé les nouveaux dirigeants du Niger d’avoir pris en otage l’ambassadeur de France après que celui-ci ait refusé de quitter le Niger au mépris de l’ ordre de la junte militaire au pouvoir.

Les chefs militaires du Niger ont donné 48 heures à l’ambassadeur de France, Sylvain Itté, pour quitter le pays après avoir pris le pouvoir lors d’un coup d’État le 26 juillet, renversant le président Mohamed Bazoum, qui bénéficiait du soutien de la France. Macron a cependant refusé d’obtempérer ou de reconnaître la légitimité des dirigeants militaires.

Fin août, le gouvernement militaire a levé l’immunité diplomatique de l’ambassadeur de France et ordonné à la police de l’expulser du pays.

Les nouveaux dirigeants du Niger ont également annulé les accords de coopération militaire avec la France et demandé aux troupes militaires françaises de partir rapidement.

La France était une puissance coloniale en Afrique de l’Ouest jusqu’en 1960. Elle maintient environ 1 500 soldats au Niger et a jusqu’à présent refusé de les en retirer.

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