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2023 09 28

Les séparatistes arméniens ont commencé à déposer les armes dans le cadre d’un accord négocié par la Russie alors que le premier convoi d’aide humanitaire est entré dans le Haut-Karabakh, ont annoncé des responsables azerbaïdjanais.
Luc Michel, géopoliticien, s’exprime sur ce sujet.

LES OBJECTIFS DE POUTINE :
LE DEPART DE PACHINIAN ET LA LIQUIDATION DE LA REVOLUTION DE COULEUR PRO-AMERICAINE DE 2018

Des propagandistes phares du Kremlin tels que Margarita Simonyan et Vladimir Soloviev ont appelé les Arméniens à se joindre aux rassemblements de l’opposition sur la Place de la République dans le centre d’Erevan, la capitale du pays. La Russie affiche ainsi clairement son ambition de remplacer le régime de Pachinian par le clan pro-russe que l’actuel premier ministre avait fait tomber après une révolution de velours en 2018.
La stratégie russe est d’exploiter les tensions héritées de la fin de l’URSS dans le Caucase du Sud pour maintenir l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans sa zone d’influence.
Les soutiens pro russes en Arménie et en Russie tentent de remplacer le régime de Pachinian par un gouvernement pro russe. Quelques heures après le début de l’offensive azerbaïdjanaise, le vice-président du Conseil de sécurité et ancien président russe, Dmitri Medvedev, menaçait ouvertement le Premier ministre arménien après les récentes tentatives de rapprochement de ce dernier avec l’Occident.
La Russie affiche ainsi clairement son ambition de remplacer le régime de Pachinian par les pro-russes que l’actuel premier ministre avait fait tomber après une « révolution de velours » en 2018.
« Début septembre, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov confirmait que la Russie jouait un rôle important dans cette région et qu’elle entendait poursuivre cette voie. La région du Sud Caucase est depuis longtemps un carrefour géographique charnière et une zone de collision entre les visions géopolitiques antagonistes de grandes puissances. Stratégiquement, l’objectif à long terme de Moscou est donc de maintenir son empreinte sur ces territoires et d’endiguer les aspirations de puissances rivales dans la région. »

COMMENT L’UE ET URSULA VON DER LEYEN ONT VENDU LES ARMENIENS POUR UN CONTRAT GAZIER AZERI ?

« les Européens ont une (grosse) épine dans le pied. Pour remplacer les importations de gaz russe, les Vingt-Sept ont signé un accord gazier avec l’Azerbaïdjan en février 2023. Résultat, l’UE, qui avait déjà augmenté de 30 % ses livraisons de gaz azerbaïdjanais entre 2021 et 2022, est devenue la première cliente de cette dictature. A Bruxelles, il sera difficile d’aller plus loin que des incantations. »

Énergie. Le gaz d’Azerbaïdjan, une nouvelle ressource pour l’Europe : Le 29 mai 2018, Ilham Aliev, président de l’Azerbaïdjan, a officiellement inauguré le corridor gazier sud-européen – Southern Gas Corridor – au terminal de Sangacal, à cinquante kilomètres de la capitale, Bakou.
“Le gaz azéri est une nouvelle source d’approvisionnement pour l’Europe : le Southern Gas Corridor redessine la carte énergétique du continent”, a déclaré Ilham Aliev à la télévision nationale.
Le projet – fruit de la coopération entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne – implique plus d’une douzaine de grandes entreprises énergétiques, dont British Petroleum, pour un investissement total de 40 milliards de dollars. Le Southern Gas Corridor est un complexe de trois gazoducs : le South Caucasus, déjà existant, le Trans-Anatolian, presque terminé, et le Trans-Adriatic”, en cours de construction.
sur un parcours de 3 500 kilomètres, au départ de l’Azerbaïdjan et à destination de la Grèce, de la Bulgarie, de l’Albanie et de l’Italie, via la Géorgie et la Turquie, un volume de 16 gigamètres cubes (Gm³) de gaz par an. Dans le détail, il fournira 6 Gm³ à la Turquie et 10 Gm³ à l’Europe. Aux alentours de 2026, la capacité du gazoduc pourrait atteindre 31 Gm³. Le gaz proviendra de Shah-Deniz, gisement offshore azéri situé en mer Caspienne (…) la question est de savoir qui est le véritable fournisseur de gaz à l’Europe …

« LES OCCIDENTAUX SACRIFIERONT-ILS L’ARMENIE? » (LE FIGARO)

« Les Arméniens du Haut-Karabakh n’avaient pour eux que le vieux principe wilsonien du «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», principe à géométrie variable invoqué par les Occidentaux en fonction seule de leurs intérêts du moment.
Après avoir coupé de tout ravitaillement pendant neuf mois l’enclave arménienne du Haut-Karabakh (120.000 habitants), les forces azerbaïdjanaises sont passées à l’attaque le 18 septembre 2023. Après avoir fait plus de 200 morts, l’Azerbaïdjan a obtenu la reddition de la petite armée arménienne locale.
Ce recours à la force constitue une violation des accords de cessez-le-feu tripartites du 10 novembre 2020, signés par les leaders de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et de la Russie. Mais ni l’Arménie (dont l’armée fut battue par l’Azerbaïdjan à l’automne 2020), ni la Russie (protectrice historique des Arméniens dans le Caucase) ne sont intervenues militairement pour sauver le Haut-Karabakh. Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a estimé que pour sauver l’Arménie il n’avait pas d’autre choix que de sacrifier l’enclave sœur. »

LE BUT DES AMERICAINS :
COMMENT LE CONFLIT ENTRE L’ARMENIE ET L’AZERBAÏDJAN DESTABILISE LA REGION

La dernière lutte autour du Haut-Karabakh, une enclave à majorité arménienne en Azerbaïdjan, se répercutera sur toute la région.
Un conflit qui dure depuis plusieurs décennies dans le Caucase a éclaté la semaine dernière, lorsque l’Azerbaïdjan a lancé une frappe « antiterroriste » visant le Haut-Karabakh – la région semi-autonome à majorité arménienne située à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
Aujourd’hui, bon nombre de ces Arméniens de souche fuient le territoire. Les dirigeants de la région séparatiste ont déclaré à Reuters que jusqu’à 120 000 personnes – essentiellement la totalité de la population du Haut-Karabakh – partiraient, par crainte d’un nettoyage ethnique de la part du gouvernement azerbaïdjanais après la capitulation du gouvernement de facto de la région face à l’Azerbaïdjan la semaine dernière.

Pour la deuxième fois en trois ans, le gouvernement azerbaïdjanais a réalisé des progrès décisifs dans le conflit avec le Haut-Karabakh ; cette fois, la frappe « anti-terroriste » menée la semaine dernière semble pouvoir dissoudre complètement le territoire. C’est un résultat qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières de l’Azerbaïdjan, car il a aggravé une crise humanitaire déjà difficile et bouleversé la politique arménienne.
Les troubles au Haut-Karabakh n’ont pas commencé la semaine dernière. La région est le théâtre d’un conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis l’effondrement de l’Union soviétique, mais l’animosité entre les deux pays remonte au début du XXe siècle.
Après l’absorption de la région par l’URSS, l’Union soviétique a désigné en 1923 une région autonome à majorité arménienne au sein de l’Azerbaïdjan – aujourd’hui connue sous le nom de Haut-Karabakh.
Le conflit entre le Haut-Karabakh et l’Azerbaïdjan a véritablement commencé en 1988, lorsque la région a commencé à lutter pour son indépendance. Entre 1988 et 1990, l’Azerbaïdjan a mené de multiples pogroms contre les Arméniens à l’intérieur de ses frontières, et les conflits interethniques étaient monnaie courante. Moscou est intervenue en 1990 et, au lendemain de la dissolution de l’URSS, le Haut-Karabakh a revendiqué son indépendance – bien que la communauté internationale n’ait jamais reconnu cette république séparatiste.

Cette déclaration a attisé les tensions entre l’Azerbaïdjan et les Arméniens du Haut-Karabakh. Soutenus par les troupes arméniennes, les Arméniens du Karabakh ont pris le contrôle non seulement de leur région historique, mais également d’une grande partie du territoire azerbaïdjanais jusqu’à la frontière avec l’Arménie.
Bien que l’Arménie ne reconnaisse pas officiellement le Haut-Karabakh, le résultat de ce premier conflit a été une immense victoire morale pour l’Arménie, a déclaré à Vox Benyamin Poghosyan, chercheur principal en politique étrangère à l’Institut de recherche en politiques appliquées d’Arménie, un groupe de réflexion indépendant à Erevan. Ce gain territorial était « l’un des principaux piliers de l’identité arménienne indépendante », après des siècles d’oppression.
Mais il s’agissait également d’une perte insoutenable pour l’Azerbaïdjan : environ 20 % de son territoire échappait désormais au contrôle du pays. Et la guerre a eu des conséquences dévastatrices ; environ 30 000 personnes ont été tuées dans le conflit et des centaines de milliers d’Azéris ont fui l’Arménie et le Karabakh.

L’Azerbaïdjan, aligné sur la Turquie, a reconquis un territoire important lors d’une guerre de 2020. Au cours de ce conflit, la Russie, qui est depuis longtemps le partenaire militaire de l’Arménie, n’a pas soutenu l’Arménie et les Arméniens du Karabakh. Ce conflit s’est terminé par un cessez-le-feu négocié par la Russie, qu’environ 2 000 soldats de maintien de la paix russes ont contribué à garantir.

POURQUOI L’AZERBAÏDJAN POURRAIT NE PAS S’ARRETER AU HAUT-KARABAKH ?

Au-delà de l’enclave, le président Aliev n’a jamais caché son intention d’annexer le sud de l’Arménie, pour aménager un continuum de la Turquie à la mer Caspienne correspondant au très ancien projet panturc, soutenu par Erdogan.
Est-ce la fin du Haut-Karabakh ?
Après 24 heures de tirs azéris intensifs faisant plus de 200 morts, les autorités de la région autonome peuplée d’Arméniens ont annoncé le 20 septembre rendre les armes. Elles se prêtent à des pourparlers avec l’ennemi, sous l’égide des Russes, où doit être discutée l’intégration de la région à l’Azerbaïdjan.
La reddition est donc actée, mais le président azéri Ilham Aliev a toujours été clair : les ambitions territoriales de l’Azerbaïdjan ne s’arrêtent pas à l’Artsakh (nom arménien du Haut-Karabakh).
«Aujourd’hui l’Arménie est notre territoire», déclarait le président en décembre dernier lors d’un conseil des ministres. «Quand je le répète, ils objectent que j’ai des revendications territoriales. Mais je le dis en tant que réalité historique», ajoutait le chef d’État. Et d’inviter son gouvernement à se pencher sur la possibilité d’un «retour en Azerbaïdjan occidental», comprendre l’Arménie. «Maintenant que le conflit du Karabakh est résolu…

L’IRAN SOUTIENT L’ARMENIE

En visite à Erevan, le ministre iranien des Affaires étrangères rencontrera son homologue arménien pour discuter de l’expansion de la coopération bilatérale.

« Nous souhaitons une coopération à long terme entre les deux pays et un document sera établi lors de cette visite », a déclaré le plus haut diplomate iranien à son arrivée à Erevan.
« Nous sommes contre la présence étrangère dans cette région, tant en Azerbaïdjan qu’en Arménie », a-t-il souligné.
Exprimant sa satisfaction quant au volume des échanges commerciaux entre l’Iran et l’Arménie qui a augmenté de plus de 43 % par rapport à l’année dernière, Amir-Abdollahian a déclaré : « Nous espérons voir un niveau d’échanges plus élevé entre les deux pays. »
Ailleurs dans ses remarques le chef de la diplomatie iranienne a noté que l’Iran ne tolérerait aucun « changement dans la géopolitique de la région » constituant la ligne rouge de la RII qui prendrait toutes les mesures nécessaires pour l’empêcher.
Il a également évoqué les progrès acquis dans le projet de corridor golfe Persique-mer Noire en tant que sujets faisant partie de l’ordre du jour de sa visite en Arménie. A cet égard, il a également fait part de l’idée d’adopter un format de coopération tripartite Iran-Inde-Arménie-compte tenu de l’importance du rôle que l’Inde peut y jouer pour accélérer la réalisation des objectifs de ce corridor de transport.
Au cours des pourparlers diplomatiques entre l’Azerbaïdjan et l’Iran, le président azerbaïdjanais a déclaré que son pays n’envisageait pas de modifier la géopolitique de la région, a déclaré Amir-Abdollahian, avertissant que l’Iran mettrait en œuvre toutes ses capacités pour empêcher de telle décision [par n’importe quel pays, NDLR].

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