Edité par Luc MICHEL
Et CENTRAFRICA-NEWS-TV/
2023 11 03/

Henri Guaino : « Il y a une fracture dangereuse entre l’Occident et le reste du monde ». Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et auteur de « À la septième fois, les murailles tombèrent » (éd. du Rocher), est l’invité de « Mardi politique ». Il estime que la crise démocratique en France et dans le monde devient extrêmement préoccupante et que l’Occident n’est pas à l’abri d’un accident ou d’une escalade. Un constat plutôt pessimiste que, selon lui, les chefs d’État actuels auront du mal à maîtriser. »

« EN AFRIQUE, VLADIMIR POUTINE CAPITALISE SUR LE REJET DE L’OCCIDENT ».

Plusieurs pays du continent ont une attitude bienveillante vis-à-vis du maître du Kremlin, refusant de condamner l’invasion de l’Ukraine. Depuis les années 2000, Moscou renoue avec sa zone d’influence du temps de l’URSS :

Ainsi « La Russie et l’Afrique contre le nazisme », lisait-on sur une banderole portée par des Centrafricains, à Bangui, samedi 5 mars, lors d’une manifestation en faveur de l’intervention russe en Ukraine. Vendredi 11 mars, quelques militaires centrafricains affirmaient même vouloir combattre au côté des Russes, dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux.

En Afrique, la propagande du Kremlin trouve de nombreux relais : du Mali au Mozambique, du Soudan à l’Afrique du Sud. Est-ce à dire que Moscou est soutenu par le continent dans sa guerre en Ukraine ?

Sur les quarante pays qui n’ont pas voté à l’ONU en faveur de la résolution exigeant que Moscou cesse immédiatement ses violences contre l’Ukraine, vingt-sept étaient africains. Parmi eux, un a même voté contre : l’Érythrée. Un semblant de « bloc » qui rappelle le temps où l’Union soviétique pouvait compter sur ses satellites africains pour ne pas contrarier sa politique à l’ONU.

LA STRATEGIE DE LA RUSSAFRIQUE

« Après la chute du Mur, la Russie a quitté l’Afrique. Elle y est revenue dans les années 2000 », soulignait l’an dernier l’ambassadeur Eugène Berg, dans une conférence sur le sujet tenue à HEC. « Elle a repris les points d’ancrage de l’URSS, elle a renoué des contacts. Poutine s’est rendu, dès mars 2006, en Algérie, au Maroc puis en Afrique du Sud. »

Pour reprendre pied sur le continent, Moscou a suivi une stratégie bien rodée : proposer d’effacer la dette de ses interlocuteurs contre l’engagement de lui acheter des armes. C’est ainsi qu’elle en est devenue le principal pourvoyeur en Afrique en s’assurant 49 % du marché, selon le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri). En haut de sa liste de clients, ses grands alliés du temps de l’URSS : l’Algérie, l’Égypte et l’Angola.

Les Russes se sont aussi lancés dans d’importants investissements pour exploiter les matières premières, engageant, de l’Algérie à l’Afrique du Sud, ses géants industriels Rosatom pour les centrales nucléaires, Rosneft pour les gisements pétroliers et Alrosa pour les mines de diamants.

LA RUSSIE A ENFIN SU CAPTER A SON PROFIT LE REJET DE L’OCCIDENT PAR LES OPINIONS PUBLIQUES AFRICAINES,

Surtout après les conséquences désastreuses de l’intervention militaire de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis en Libye en 2011. Exploitant le sentiment anti-occidental qui gagne les esprits en Afrique, le Kremlin rappelle opportunément qu’il n’a pas de passé colonial et qu’il est attaché aux valeurs traditionnelles, constate Eugène Berg. La Russie leur propose, ajoute-t-il, une coopération pragmatique sans leur faire de leçon sur la démocratie ou les droits de l’homme, et leur assure même sa protection à l’ONU. Au début de l’année, Moscou a encore bloqué toutes les résolutions condamnant la junte malienne à l’ONU.

Au fil de ces vingt dernières années, et de ses trois voyages en Afrique, le président russe a pris soin d’établir des liens directs et personnels avec bon nombre de chefs d’État du continent jusqu’à en inviter une quarantaine aux sommets Afrique-Russie.

Le président sénégalais Macky Sall, l’un des vingt-sept qui s’est abstenu sur la résolution condamnant la Russie à l’ONU, mais surtout on l’oublie un allié proche de Moscou et Téhéran, a même tenté d’obtenir un cessez-le-feu en appelant Vladimir Poutine au téléphone. Occupant la présidence tournante de l’Union africaine, c’est au nom de cette organisation qu’il a longuement parlé avec le président russe.

À SOTCHI (2019) ET SAINT-PETERSBOURG (2023), POUTINE TEND LES BRAS A L’AFRIQUE

Les grands forums voulus par le chef du Kremlin doivent, au-delà des accords économiques, mettre en scène sa relation privilégiée avec un continent négligé par Moscou après la chute de l’URSS.

Dans les ambassades européennes à Moscou, les grands forums Russie-Afrique orchestrés par le chef du Kremlin sont suivis entre scepticisme et agacement. L’administration présidentielle est mobilisée pour organiser des événements qui, sur deux jours, doivent être la réplique des « forums sur la coopération sino-africaine » ayant permis depuis 2000 à Pékin de devenir le premier partenaire du continent africain.

Plusieurs milliers d’intervenants des milieux d’affaires sont attendus pour, mercredi, parler économie. Puis plus d’une trentaine de dirigeants africains doivent se retrouver autour de Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine a promis « des projets d’investissements avec des participations russes se comptant en milliards de dollars ». Et pas seulement des contrats militaires, comme jusqu’à présent : l’essentiel des 20 milliards de dollars d’échanges commerciaux annuels entre la Russie et l’Afrique couvre des commandes militaires. Au Maghreb comme en Afrique noire, plusieurs géants de l’industrie russe sont désormais mobilisés, notamment Rosatom pour des centrales nucléaires, Rosneft pour des gisements pétroliers ou Alrosa pour des mines de diamants.

« Cela va être une grande opération de relations publiques ! Au-delà des accords économiques, le message sera politique vers les Occidentaux et les Chinois sur le thème : la Russie est de retour », confiait en 2019 Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de Russia in Global Affairs, réputé proche du Kremlin. « Cette nouvelle coopération n’a pas de bases idéologiques comme aux temps soviétiques. Moscou soutiendra avant tout la stabilité chez les régimes, quels qu’ils soient, afin de parler business et de coopération militaire », expliquait alors Andreï Kortounov, directeur du think tank Russian Council à Moscou. « En retour, les Africains entendent des Russes un discours qu’ils aiment, trop absents des positions européennes : l’Afrique, ce n’est pas seulement des problèmes ; c’est aussi des opportunités. »

CE NOUVEAU JEU RUSSE EN AFRIQUE A AUSSI CREE DES TENSIONS.

Notamment avec Paris lorsque Moscou a envoyé en République centrafricaine des « conseillers militaires » et des paramilitaires pilotés par des proches du Kremlin. « Cela s’est calmé. La séquence confrontation est passée.

Poutine veut simplement relancer des relations qui, fortes pendant l’époque soviétique, se sont distendues depuis la chute de l’URSS », note un autre diplomate occidental. Elle vient avec un nouveau discours, celui d’un pays qui n’a jamais été puissance coloniale en Afrique.

EN AFRIQUE, L’ANTI-COLONIALISME A REMPLACE L’IDEOLOGIE MARXISTE

« Des militants alignés sur la Russie et guidés par une idéologie anti-occidentale diffusent des messages pro-Kremlin en Afrique, en utilisant un réseau francophone coordonné qui attaque également Paris dans ses anciennes colonies africaines (..) Le réseau a même un nom : il est surnommé « Russosphère ». Les publications accusent la France de « colonialisme » moderne, louent la position du président Vladimir Poutine, célèbrent le travail des mercenaires du groupe Wagner sur le continent et qualifient l’armée ukrainienne de « nazis » et de « satanistes », faisant écho au récit russe de leur appel à « une opération militaire spéciale ». », qui est sur le point de terminer un an. Le cerveau derrière la « Russosphère » est Luc Michel, un militant politique belge (…) Michel, un stalinien autoproclamé, a participé à la supervision du référendum en Crimée en mars 2014, considéré par les analystes comme une farce politique orchestrée par le Kremlin, qui avait consulté la république alors autonome sur sa séparation de l’Ukraine et son annexion à la Russie. Le résultat n’est pas reconnu par l’Ukraine, les États-Unis et l’Union européenne (UE).
La campagne de désinformation a causé des dégâts, selon les experts. Notamment parce que cela suscite la méfiance des nations africaines à l’égard de l’Occident, alimentant les sentiments pro-Kremlin et anti-Kiev sur le continent », dit la BBC (février 2023).

Des militants alignés sur la Russie et guidés par une idéologie anti-occidentale diffusent des messages pro-Kremlin en Afrique, en utilisant un réseau francophone coordonné qui attaque également Paris dans ses anciennes colonies africaines (..)
Le réseau a même un nom : il est surnommé « Russosphère ». Les publications accusent la France de « colonialisme » moderne, louent la position du président Vladimir Poutine, célèbrent le travail des mercenaires du groupe Wagner sur le continent et qualifient l’armée ukrainienne de « nazis » et de « satanistes », faisant écho au récit russe de leur appel à « une opération militaire spéciale ». », qui est sur le point de terminer un an. »

« La campagne de désinformation a causé des dégâts, selon les experts. Notamment parce que cela suscite la méfiance des nations africaines à l’égard de l’Occident, alimentant les sentiments pro-Kremlin et anti-Kiev sur le continent », commente la Deutsche Welle.

« les opérations d’influence menées par le Belge ont connu un « succès significatif ». « Même si les groupes ont été aidés par des robots au début, ils constituent désormais une véritable opération d’influence organique, avec une grande part de véritables adeptes venant de toute l’Afrique. » (…) Depuis des années, la Russie étend ses efforts pour renforcer son influence en Afrique à travers des ventes d’armes, des investissements économiques et un soutien militaire sous la forme du Groupe Wagner (…) L’un de ces pays est le Mali. Le retrait des forces françaises du pays, ainsi que la colère politique à laquelle la France est confrontée en Afrique de l’Ouest en raison de sa politique agressive envers la région, représentent une opportunité significative pour Moscou de s’emparer de la région, se présentant comme une alternative viable. Moscou excelle dans l’exploitation de ces opportunités. Alors que la colère contre la France continue de couver, le groupe Wagner trouvera des pays disposés à le faire.
Il est difficile d’évaluer l’impact de campagnes de désinformation spécifiques, mais en Afrique, le message pro-russe est entendu et amplifié, soulignent les analystes. Actuellement par des influenceurs locaux créés par Mosco », écrit encore la BBC.

« « Le succès de gens comme Luc Michel tient à leur opposition à la France. Cela explore de véritables griefs sur le sol africain », explique Kevin Limonier, professeur à l’Université Paris-8, qui étudie les opérations d’information de Moscou en Afrique.
La plupart des opérations de Luc Michel en Afrique promeuvent le panafricanisme et le sentiment anticolonial, selon Walter. Il s’agit pour lui d’un « point de ralliement pour soutenir la thèse centrale de Michel : selon laquelle les pays africains gagneraient à prendre leurs distances avec leurs colonisateurs européens et à développer des liens plus étroits avec la Russie », a déclaré le responsable des enquêtes ».

* Voir aussi
Nos réseaux ‘Russosphère’ attaqués par la BBC
https://www.palestine-solidarite.fr/nos-reseaux-russosphere-attaques-par-la-bbc/

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